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"Nous sommes en présence d’une identité manifeste (...)"

L’occupation du territoire comme « première priorité »

samedi 22 août 2009

Par Philippe Jean Poirier

Se pourrait-il que nos partis politiques se trompent en misant sur la santé (PLQ), l’éducation (PQ), la réduction de la fonction publique (ADQ) et la répartition de la richesse (QS) comme « première priorité » des Québécois et des Québécoises ? Le collectif Identité Québécoise propose de réajuster le tir, et de placer l’occupation du territoire au cœur de la campagne.

Voilà quatre ans que les Québécois et les Québécoises débattent sur la place publique, qu’ils et elles s’enflamment sur tous les sujets inimaginables (la radio X, les accommodements raisonnables, etc.), qu’ils et elles opposent une résistance farouche à divers projets (la centrale du Suroît, la vente du mont Orford, le casino à Pointe St-Charles, alouette…), et maintenant que le rendez-vous démocratique ultime se présente à nous, c’est l’apathie générale.

Les politiciens sillonnent la province en vain, impuissants à générer le débat démocratique auquel nous avons droit. La situation est pour le moins paradoxale.

Le défi de la présente campagne : transformer un vote de « contestation » en un vote « engagé dans l’avenir ».

Toutes sortes de raisons sont évoquées pour expliquer l’apathie du public. Les uns lancent la pierre au média, qui privilégierait l’anecdote au détriment des idées.

Certains questionnent les plates-formes respectives des partis, du pareil au même. D’autres enfin, plus pragmatiques, évoquent une crise de leadership, en parlant de ces chefs « mal-aimés ».

Et pourtant, l’énigme demeure, car ce sont bien ces mêmes médias et ces mêmes acteurs qui réussissaient à galvaniser les débats publics depuis quatre ans.

Le collectif IQ est d’avis que « la première priorité » des Québécois et des Québécoises concerne leur rapport au territoire. Les « disparités » régionales comptent désormais pour beaucoup, et elles alimentent sans cesse les débats publics.

La controverse de la radio X s’étend aujourd’hui jusqu’à Jonquière avec l’animateur Louis Champagne, qui voit le PQ comme « un club de tapettes ! ». Mais cette affirmation régionale réussit parfois à unir plutôt qu’à diviser : l’intégrité du territoire fut âprement défendue dans les cas du Suroît et de la vente du mont Orford.

Il n’en reste pas moins que le « mystère de Québec » est en voie de devenir le mystère du Québec, si nos élites politiciennes et médiatiques ne réagissent pas pour réaligner les débats.

Les Québécois et les Québécoises questionnent de plus en plus leurs manières d’occuper le territoire, en fonction de leurs réalités urbaines ou régionales. Revoir la plate-forme de chaque parti dans cette perspective permet d’ailleurs de mettre en évidence certaines différences fondamentales qui les distinguent.

L’ADQ et QS, des réponses partielles face à un défi global

Les accusations fusent ces jours-ci contre Québec solidaire, à savoir que ce parti proposerait une solution « montréaliste ». Et il ne faut pas chercher très loin pour déceler cette orientation.

Lorsque Mme David parle de multiplier les logements sociaux ou de mieux soutenir le milieu communautaire, elle s’adresse surtout à une clientèle urbaine, spécifiquement montréalaise.

D’autre part, il paraît tout aussi évident que l’ADQ courtise une clientèle rurale ou simplement régionale en portant toute sa mise sur le noyau familial, comme seul et unique filet social. En fait, ces deux partis proposent des solutions incomplètes, partielles face à un défi national.

PLQ et le PQ, ou comment nationaliser Montréal

Le Parti libéral possède ses châteaux forts à Montréal et, par son statut national, tente bien souvent de « nationaliser » les problèmes de la métropole. Jean Charest a fait de la santé sa « première priorité ».

Or, le récent classement de l’Actualité montrait que l’engorgement des urgences posait problème surtout sur l’Île de Montréal.

Le mouvement indépendantiste (autant le BLOC que le PQ) a également eu tendance à nationaliser les problèmes montréalais. Quel écho le combat linguistique peut-il trouver en région, où la grande partie de la population parle, travaille et vie sa culture en français ?

La figure même du chef André Boisclair est de plus en plus associée, à tort ou à raison, à une élite cosmopolite, vaguement athée, plateauiste par surcroît. Rien pour enchanter le Québec régional.

SPQ Libre, ou l’intégration du territoire québécois

Il n’en reste pas moins qu’un courant politique présent au sein même du Parti québécois réfléchit actuellement à la question du territoire. Ce club politique se nomme SPQ Libre, ou encore les Syndicalistes et les Progressistes pour un Québec Libre.

C’est sur cette alternative politique que le collectif IQ voudrait attirer l’attention. La déclaration de principe à la base de ce mouvement fait écho à notre souci d’envisager l’avenir du Québec à travers une politique d’occupation territoire. Le sixième point de la déclaration est clair à ce sujet :

« 6. Le développement démographique, économique et social entre les différentes régions du Québec doit être équilibré et conçu dans la perspective de l’occupation maximale du territoire. »

Cette approche génère d’ores et déjà des solutions nouvelles, capables d’interpeller tous les Québécois et les Québécoises. L’actuel secrétaire du mouvement et présent candidat péquiste, Pierre Dubuc, lançait une proposition audacieuse lors de la dernière course à la chefferie, celle de construire un TGV dans l’axe Québec, Montréal, Ottawa.

Comment cette idée lui est-elle venue ? « Nous produisons de l’électricité, nous produisons de l’aluminium et nous construisons des wagons de métro et de chemins de fer à la fine pointe de la technologie moderne… que nous exportons ! Nous sommes les cordonniers mal chaussés du transport ! Alors, pourquoi ne pas profiter de notre accession à la souveraineté pour nous donner un méga-projet national qui dynamisera notre économie, créera de l’emploi et préservera notre environnement ? »

Sans porter un appui « inconditionnel » à SPQ Libre, le collectif IQ tient néanmoins à signaler l’effort du club à ouvrir les horizons du discours, en plaçant l’intégration du territoire québécois parmi ses préoccupations.

Placer l’occupation du territoire au cœur du projet indépendantiste

Penser le Québec en fonction de son rapport au territoire ne pourra pas se faire sans inclure une profonde remise en question non seulement des transports mais aussi des moyens de communication.

La concentration des médias à Montréal pose en effet un problème, car elle grossit d’une part la réalité montréalaise, tout en offrant un portrait tordu et réduit des réalités régionales. Or, nous touchons ici à deux champs de compétence fédérale… C’est dire à quel point la question nationale n’est jamais loin, lorsqu’on veut réfléchir à un Québec globalisé.

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